Chương 11
Tác giả: Việt Dương Nhân
Il est déjà tard, Snack-bar Kim Cuong avait terminé le service, Mai Ly passa par derrière, elle trouva quelques hôtesses qui terminaient leur souper, Mai Ly se joignit à elle, puis monta se coucher.
Après une nuit difficile, sans pouvoir trouver le sommeil, Mai Ly pensait sans cesse à son amour pour son beau chevalier. Bien qu’elle soit convaincue que Hoàng en réalité, n’est qu’un coureur et qu’il n’a pour elle que du désir sans aucun sentiment, elle avait peur... Hier soir, elle n’avait pas encore l’occasion de lui parler, elle ne savait encore rien de lui... Cette fois-ci, il s’était comporté correctement et ne l’avait pas forcée comme la fois précédente, que faut-il penser... Mai Ly se tournait et se retournait comme toutes ces questions qui lui torturaient l’esprit jusqu’au matin. Elle surprit quelques bribes de conversations :
- La petite Mai Ly, elle est très jolie, comment se fait-il que la patronne ne l’ait pas prise comme hôtesse comme nous ? C’étaient les deux hôtesses Suzanne-Trang et Marie-Thu qui étaient en train de bavarder dans l’arrière-salle.
Marie-Thu suggéra :
- Je pense que la patronne est en train de se la mettre de côté... j’en suis sure !
- La mettre de côté pourquoi faire ?
- Eh bien, elle la met de côté pour les gros bonnets.
Suzanne-Trang émit un rire de mépris:
- Les gros bonnets. A mon avis, cela va être difficile !
- Difficile ! Tu parles ! Tout est une question de fric, tu verras !
Suzanne-Trang asquiesça :
- Tu as raison ! C’est fort possible ! Il faut quand même se méfier, elle est têtue comme une bourrique, la petite, la patronne aura du mal avec elle.
- Je te le garantis ! Attends et tu verras.
- Oui, on verra bien !
Mai Ly essayait d’en savoir davantage à travers les propos de Suzanne-Trang et Marie-Thu. Les filles se sont arrêté... Mai Ly entrouvit la porte et fit semblant d’éternuer pour annoncer sa présence... les deux filles s’exclamèrent en choeur :
- Ah te voilà, Mai Ly!
Marie-Thu avec un sourire plein de sous-entendus essaya de questionner Mai Ly :
- Eh bien, tu es sortie et rentré tard hier soir... c’est la grasse matinée, ce matin !
- C’est vrai, j’avais demandé la permission à madame.
Suzanne-Trang ne put s’empêcher de lancer une pique :
- On le sait déjà, elle fait du favoritisme avec toi !
Marie-Thu enfonça encore plus le clou :
- Mais, c’est normal, jeune et belle ! Nous ne sommes plus que des fleurs fanées !
Mai Ly répondit :
- Je vous en prie, ne dites pas cela, je m’en voudrais !
Suzanne-Trang lança un regard vindicatif tout en la tançant vertement :
- Bien sur ! Ne fais pas l’innocente, tu te crois protégée. Attends voir, qui vivra verra... tous les coups sont permis avec la patronne !
Marie-Thu prenait en pitié Mai Ly, elle adoucit le ton :
- Laisse tomber Suzanne ! Pourquoi tu t’attaques à Mai Ly comme cela ? Malgré tout, elle a plus d’une dizaine de moins que nous, nous devrions lui expliquer plutôt ce qu’est la vie et ce qu ‘elle nous réserve plutôt que de l’enfoncer de la sorte.
- Eh, Marie, tu te mets de son coté !
- Mais non, je dis seulement la vérité.
Mai Ly est surprise par la tournure des évènements :
- Je vous en prie, ne vous querellez pas à cause de moi ; je vais descendre à la salle de cuisine, il doit y avoir du travail à faire.
*
Jour après jour, Mai Ly était en proie aux propos plus ou moins acerbes de la part des hôtesses. Puis un jour après le dîner, Mai Ly était déjà remontée dans sa chambre à l’étage quand elle entendit un petit coup discret à la porte :
- Qui est-ce ?
- C’est moi, Sự !
- Qu’y-a-t-il ?
- C’est madame, elle voudrait vous te voir dans sa chambre maintenant.
- J’arrive tout de suite.
Mai Ly se demandait :‘’Qu’est-ce qui se passe, pourquoi la patronne me fait demander à cette heure si tardive ? La salle est comble en bas, elle doit être très occupée avec les clients. Si elle m’appelle, il faut que je descende voir !’’. Elle laissa tomber son moustiquaire, elle verra ça plus tard tout à l’heure. Elle alla frapper à la porte de sa patronne :
- Entre !
- Bonsoir, madame, vous m’avez fait demander.
- Oui, attends-moi un instant, j’arrive tout de suite.
- Bien, Madame.
Madame Kim Cương sortit de sa chambre, toute souriante :
- Comment vas-tu, est-ce que tout le monde te traite bien. Est-ce que tu te plais ici avec nous ?
- Oui, très.
- Est-ce que tu veux apprendre l’anglais ?
- Apprendre l’anglais !... mais pourquoi faire, s’il vous plait ?
- Eh bien... c’est pour...
- Vous savez, je préfère apprendre le français.
- Le français !... le français n’est plus utilisé, on ne le parle plus maintenant.
- C’est vrai, c’est bien apprendre l’anglais. Mais je n’ai pas les moyens pour me payer les cours !
- Je voudrais que tu apprennes l’anglais, j’ai besoin que tu m’aides dans un certain domaine ; je ferais venir un professeur pour ta formation.
Mai Ly qui avait toujours rêvé de faire des études, était aux anges... Elle était ravie :
- C’est vrai, vous ferriez cela ?
- C’est bien. Je pense que tu es très intelligente, il faut apprendre une langue étrangère, comme cela seulement, on aura l’occasion de progresser dans la vie.
- Je vous suis infiniment reconnaissante de m’aider comme cela.
Le temps passa rapidement, le travail de Mai Ly était simple, il lui laissait beaucoup de loisirs et surtout travaillait pour elle... Mai Ly embellissait de jour en jour, de sorte qu’elle subissait la jalousie et l’envie de tous, elle était toujours en butte aux moqueries et autres sarcasmes de la part des hôtesses. Parmi celles-ci, seule Marie-Thu l’épargnait et lui venait en aide de temps à autre.
Madame Kim Cuong avait fait venir un répétiteur à domicile pour donner à Mai Ly des cours d’anglais. En quelques mois, elle réussit à tenir une conversation courante et à écrire en anglais. Sa patronne lui parlait souvent en anglais pour lui faire pratiquer la langue.
Un jour, en fin de semaine Mai Ly demanda deux jours de congé, elle pensait retrouver Hoàng qui occupait totalement ses esprits.
Elle alla le retrouver à quai Bình Đông cette fois-ci, elle lui suggéra d’aller avec elle rendre visite à sa mère :
- Hoàng ! Est-ce que ça te dit de venir avec moi chez ma mère ?
- Oui, si tu veux. Mais tu es sure, ça ne va pas contrarier ta mère ?
- Je n’en sais rien, je n’ai jamais ramené qui que ce soit à la maison.
- Il y a un risque alors ! Je ne sais pas si je vais lui plaire, j’ai une petite crainte...
- Si tu ne viens pas, tu ne sauras pas si tu plais ou non.
(...)
Mai Ly et Hoàng entrèrent ensemble dans la maison :
- Bonjour, maman ! Comment vas-tu ?
- Bien . Qui est-ce ?
- Voici Hoàng, un ami.
- Bonjour, monsieur. Asseyez-vous.
- Merci beaucoup, madame.
Hoàng était surpris, il ne pensait pas que la mère de Mai Ly était aussi démunie. Il perdit tout son naturel. Soudain une pluie impromptue s’abattit violemment ; le vent s’engouffrait à travers les murs de paille, les bourrasques de pluie traversaient violemment les auvents ; alors quela pluie battait son plein, Hoàng s’excusa et demanda la permission de s’en aller :
- Mai Ly ! Je dois m’en aller. Au revoir, madame.
Madame Hùng pleine de sollicitude, essaya de l’en dissuader :
- La pluie est encore très violente, vous risquez d’attraper une bronchite, ce n’est pas bien . Il vaut mieux attendre que les bourrasques soient passées, vous pourrez sortir sans danger.
Hoàng resta sur sa position :
- Pardonnez-moi, mais j’ai un rendez-vous qui attend, je dois rentrer immédiatement.
Mai Ly restait muette, sans rien dire ; elle était pétrifiée, foudroyée par la tempête. La pluie était violente au dehors, c’était une averse en pleine saison sèche, les autochtones redoutaient ce genre d’averse ; c’est pourquoi la mère de Mai Ly avait essayé de retenir Hoàng... Elle ne comprenait pas pourquoi celui-ci à peine arrivé veut repartir comme cela sous la pluie tropicale. Après son départ, madame Hùng s’inquiétait auprès de sa fille :
- Comment se fait-il que Hoàng soit si pressé, vous venez à peine d’arriver et il repart comme cela sous une pluie battante ?
- Je ne sais pas ! Je suis aussi surprise que toi, il ne m’avait pas parlé de rendez-vous auparavant...
- Il est difficile à comprendre !... Se peut-il qu‘il méprise notre pauvreté ?
Mai Ly à la supposition de sa mère avait les larmes aux yeux mais elle se rendit à la réalité :
- C’est fort possible, tu peux avoir raison !
Mai Ly sentit son cœur se briser en miettes... elle sentit naître en elle, une profonde tristesse : ‘’C’est donc ça ! la pauvreté ! la situation sociale ! il est vrai que ma famille est pauvre !‘’. Hoàng sait que Mai Ly n’a qu’un petit travail garde d’enfants mais elle était toujours bien mise comme une jeune fille de famille aisée. En entrant dans la cabane de la mère de Mai Ly, Hoàng trouvait la réalité d’une étroite cabane aux murs délabrés, au toit de chaume. C’est un abri vraiment précaire pour ceux qui n’ont rien, un dénument quasi-total. Il se peut que Hoàng n’avait jamais imaginé que la pauvreté de la famille de Mai Ly n’était aussi profonde. Dans l’esprit de Mai Ly se posaient bon nombre de questions :‘’Hoàng, qu’est-ce qu’il recherche exactement ? Il n’est peut-être pas amoureux de moi ? Hoàng doit croire que je suis issue d’une famille aisée ? Mais alors, comment une fille de famille riche et aisée peut-elle avoir besoin d’aller travaille, garder des enfants ?’’. Avec toutes ce questions en tête, Mai Ly ne sait plus quoi faire, elle demanda sans conviction à sa mère :
- Maman, est-ce que je peux rester dormir chez toi, ce soir ?
- Tu veux rester ici avec moi ? Et ton travail ?
- J’ai déjà demandé la permission.
- C’est une bonne idée, depuis longtemps nous n’avons pas eu l’occasion de rester ensemble. Dans ce cas, je vais aller préparer le repas ; il me reste quelques rougets, je vais les faire à la sauce marinée, accompagnés d’un potage aux concombres amères. Qu’en penses-tu, je sais que tu aimes beaucoup ce genre de repas campagnard. Et puis, quand est-ce que tu dois repartir ?
- Je m’en irai, demain matin.
Mai Ly savourait la nuit qu’elle passa avec sa mère comme du temps de son enfance. Le lendemain matin, madame Hùng se leva la première, elle s’occupa du petit déjeuner, alla acheter une assiette de riz aussi délicieux que le jambon, les oeufs du breakfast anglais, c’était ce que Mai Ly appréciait le plus pour bien commencer la journée. Mai Ly dit ensuite au revoir à sa mère et s’en alla. Elle en voulait à Hoàng, elle voulait tirer cela au clair... Toutes ces questions lui pesaient, elle erra un petit moment dans les rues puis arriva à la boutique Tấn Phát. Mai Ly aperçut Hoàng qui se débinait à sa vue... Mai Ly salua le porteur de riz :
- Bonjour, oncle Th†.
- Mademoiselle Mai Ly ! Comment ça va ?
- Pas trop mal... Est-ce que vous avez anh Hoàng, il est là... ?
Oncle Th† poussa un soupir et lui confia :
- Ainsi, c’est donc vous qu’il veut éviter !
- M’éviter ! mais pourquoi ?
- Oui, il veut vous éviter ! Il vient de me recommander qu’il faut vous dire qu‘il est parti, qu‘il a à faire. Écoutez bien ce que je vais vous apprendre !
Le porteur de riz connaissait bien la nature volage de Hoàng, de plus, il sait que celui-ci est plutôt du genre profiteur ‘’un exploiteur’’. Il met Mai Ly en garde contre ce genre de personnage mesquin et double, celle-ci comprit :‘’Ainsi donc, j’avais deviné juste ! Parce qu’il a pu constater ma pauvreté Hoàng est parti sans demander son reste, ce n’est certainement pas par amour !’’. Mai Ly dit au revoir au porteur et s’en alla trainant son chagrin avec elle... elle prit le bus et rentra à grand’peine chez madame Kim Cuong, la tenancière. Mai Ly était non seulement déçu par la traitrise de Hoàng, elle était mortifiée par son attitude... de plus elle nourrissait un fort ressentiment contre sa pauvreté qui lui a fait perdre ses illusions amoureuses ; la déception et le ressentiment eurent raison de sa santé. Elle perdit l’appétit et le sommeil, pleurant sans arrêt son amour perdu.
Pendant jours, Mai Ly garda le lit, elle ne s’alimentait plus et maigrissait à vue d’œil. Madame Kim Cuong la voyant dans cet état dit à Vú de lui faire voir un médecin :
- Vú ! Dès demain, il faudra emmener Mai Ly consulter un médecin. Je lui paierai la consultation, elle ne peux pas rester dans cet état ?
- Oui, madame, j’ai peur que Mai Ly n’ait attrapé la fièvre typhoïde
- J’ai bien peur que non. Je la soupçonne d’être enceinte.
- Ce n’est pas possible ! Mai Ly est encore vierge !
- On n’en sait rien. D’ailleurs, dans la maison, il y a des hommes, tenez... S¿, et c’était lui, ils ont peut-être eu des relations sans que nous le sachions... Il faudra prendre des précautions, amenez-la demain chez le médecin, nous aviserons après.
- Bien, madame.
Le lendemain, la nourrice Vú amena Mai Ly chez un médecin qui avait son cabinet près de là. A la fin de la consultation, le médecin fit signe à la nourrice, il lui annonça sur un ton de confidence :
- Madame, la petite n’a pas de maladie grave. A-t-elle été contrariée ces derniers temps ? Un choc, une peine profonde ? Il semblerait qu’elle soit en train de faire une dépression...
Les parôles du médecin à Vú, ont été par inadvertance entendues par Mai Ly. Ces questions servirent aussitôt de remède à celle-ci ; elles la guérirent instantanément de son mal d’amour... Elle se sentait honteuse pour elle-même, elle réagit aussitôt et voulut immédiatement se soulager de ce poids inutile.
Rentrée chez elle, Mai Ly se remit à s’alimenter et reprenait petit à petit ses forces. Elle avait un fort ressentiment contre Hoàng, la peine qu’il lui avait infligée. Mais peu à peu, letemps fit son travail et l’image de Hoàng s’estompa au fil des jours. Quelques semaines après, Mai Ly reprit ses cours d’anglais et son travail habituel de tous les jours.
*
Un an s’était écoulé depuis, Mai Ly embellissait de jour en jour. Dans la rue, elle attirait le regard de tous les garçons ; néanmoins, dès qu ‘un garçon essayait de se rapprocher d’elle, Mai Ly avait tout de suite la douloureuse expérience de Hoàng :‘’Fieffés menteurs, vous n’êtes tous que des hypocrites. Quand vous saurez que je ne suis qu’une petite bonne sans fortune, vous allez vous sauvez à toutes jambes comme l’avait fait Hoàng, vous ne valez pas mieux les uns que les autres !’’. Dans son cœur Mai Ly nourrissait toujours ce ressentiment de cet déception due à sa pauvreté. Le comportement de Hoàng, son départ brusque sous une pluie violente... puis ensuite les conseils du porteur : il est indisponible !...
*
On arrivait à la fin de l’année, la journée se terminait, le soleil descendait à l’horizon, les derniers rayons faisaient flamboyer tout un coin de ciel. Une douce brise jouait dans les branches des arbres, la nature était magnifique, d’une magnificence calme et altière.
Le repas pris, après avoir donné son bain au garçonnet Út, Mai Ly remarqua quelques minuscules fruits bien murs sur son arbre à caviar, elle alla les cueillir. Dans le calme du soir, elle se sentait heureuse, elle a peut-être trouvé son havre de paix se disait-elle. Mais une petite voix sussurrait en elle :‘’C’est vraiment étrange ! La patronne ne verse jamais mon salaire entièrement et à la date voulue... elle retient toujours une demi-mois de salaire... Pourquoi... ?’’. Mai Ly était distraite par ces pensées peu rassurantes... mais peu importe ! Madame Kim Cuong jeta un coup distrait par la fenêtre, elle aperçut Mai Ly sous l’arbre en train de cueillir les fruits, elle appella la femme de service Vú :
- Vú ! Vú venez voir, j’ai besoin de vous !
- Oui, madame, j’arrive tout de suite.
La femme de service arriva rapidement chez sa maîtresse :
- Vous avez besoin de moi ? Qu’est-ce que je peux faire ?
- Asseyez-vous. Est-ce que Sự est en bas ?
- Non, il n’est pas là.
- Quelle heure est-il exactement ?
- Il est six heures et demie.
- Il est encore tôt ! Est-ce que le repas est terminé ?
- C’est déjà fait, tout est rangé.
- Vú ! Mai Ly, est-ce qu’elle a des petits amis, est-ce qu’elle fréquente quelqu‘un ?
- Non, je ne pense pas, il y a bien quelques étudiants qui logent à côté, mais dès que l’un d’entre se risque à lui lancer quelques plaisanteries, des grivoiseries plus ou moins osées , ils se font copieusement insultés.
- Tenez, vous savez ? Monsieur Thành An vient d’arriver, il revient de Hồng-Kông. Il m’a invitée avec Mai Ly à aller dîner avec lui, il semble très impressioné par la petite.
- C’est bien que monsieur Thành An s’intéresse à elle, mais la petite, est-ce qu’elle veut bien de lui ?
- Je viens de lui donner le salaire de deux, trois mois. Vous allez monter dans sa chambre, essayez de trouver cet argent et prenez-le .
- Ce n’est pas possible ! Je ne peux pas faire une chose pareille, madame !
- Écoutez, depuis combien que vous êtes là, que je vous fais travailler ? Vous allez l’appeler, lui dire de venir me voir et pendant ce temps, vous allez faire exactement ce que je viens de vous dire... c’est un ordre ! Dés que vous aurez terminé, passez me voir, vous me demanderez si je veux manger... vous avez compris ?
- Bien, madame.
Vú fit ce que la tenancière lui avait enjoint de faire... Cette nuit-là Mai Ly ne se douta de rien. Le lendemain, elle vaqua aux travaux comme à son habitude. Il est plus de dix heures, la matinée était déjà avancée, le soleil devenait brulant. Aujourd’hui madame Kim Cuong était levée plustôt qu’à l’ordinaire. A son appel, la femme de service monta lui apporter son jus d’orange. La tenancière lui commanda :
- Vous direz à Mai Ly de monter ici déjeuner avec moi.
- Oui, madame.
Mai Ly ne s’étonna pas davantage de l’invitation, elle ne se posa pas de question, elle se disait :‘’ C’est le privilège des patrons, il faut faire tout ce qu’ils demandent, peut-être aura-t-on ainsi la paix...’’.
Après le repas, Mai Ly se préparait à desservir et à descendre avec le reste du personnel, madame Kim Cuong l’arrêta :
- Laisse, Vú le fera après. Reste ici, j’ai à te parler.
- Oui, madame, que puis-je pour vous ?
- Tu vas aller te faire belle et venir dîner avec moi au restaurant.
- Me faire belle ?
- Tu peux le faire comme tu te sens... Tiens, tu peux même te servir de ma trousse de maquillage comme la dernière fois ; pour tes longs cheveux, tu les gardes dans le dos sans les attacher, comme toutes les jeunes filles de ton âge. Simple, naturelle et sans artifices, tu seras très bien .
Mai Ly naïve et confiante se fia à sa patronne sans poser de question. Elle monta dans sa chambre pour se préparer. Elle commençait à sortir ses affaires pour commencer son repassage quand soudain elle trouva qu’il y a quelque chose d’anormal... Elle fouilla immédiatement sous la pile de vêtements... son intution ne l’avait pas trompée, l’argent qu’elle avait rangé s’était envolé, plus rien !... plus un sou ! elle s’était fait voler deux mois et demi de salaire !... Mai Ly était terrassée :‘’Qui... ? Qui a eu la cruauté de me voler mon maigre salaire ?’’. Elle descendit en courant demander secours à la femme de service Vú :
- Vú ! Vú ! Quelqu ‘un a volé tout mon argent. Mon dieu ! Comment vais-je faire maintenant ? Et ma mère qui a besoin de cet argent !
La femme de service sans broncher essayait de calmer Mai Ly :
- Tu as du mal chercher, regarde encore, l’argent doit être là où tu l’as mis ! Tu t’affoles pour rien, tu verras !
- Mais non ! j’ai bien regardé, je suis sure... On m’a volée !
La femme ne regardait toujours pas Mai Ly en face, elle se contentait de lui dire :
- Bon, je vais essayer de voir. Avec le va-et-vient dans ce bar, il est difficile de savoir qui a bien pu faire le coup ? Je ne sais vraiment pas comment faire !
- Mais est-ce que tu sais qui étais là la nuit dernière ?
- Eh bien, comme d’habitude, il y a le garçon S¿ et les hôtesses ; mais tu sais bien, ils s’en vont tout de suite de bonne heure le matin ; ils ont encore à faire. Au fait, est-ce que tu l’as dit à madame ? Est-ce que tu l’as avertie ?
- Non, pas encore ! Elle va être furieuse, elle voulait le garder pour moi, mais je n’ai pas voulu parce que je pensais que j’allais demander la permission d’aller voir ma mère et lui ramener l’argent... Car ça fait trois mois que je ne l’avais pas vue ! Et la dernière fois, je lui avais promis de repasser la voir dans un mois ou deux... Comment vais-je faire, maintenant !
Mai Ly laissait couler ses larmes, elle était brisée ! la femme continua à jouer la comédie, elle fit semblant de compatir... :
- Arrête de pleurer, je ne sais plus quoi faire. Tu me fais vraiment de peine ! Viens, allons voir madame, ne crains rien, je suis là !
Mai Ly suivit la femme jusqu’aux appartements de la patronne, madame Kim Cuong se réparait à sortir pour aller chez le coiffeur :
- Qui est là ? Entrez !
- Nous avons... quelque chose à vous dire !
- Que se passe-t-il ? Mai Ly qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi pleures-tu comme cela ?
La femme de service répondit à sa place :
- C’est que... madame, Mai Ly s’est fait volé les deux mois et demi de salaire que vous venez de lui remettre avant-hier.
Madame Kim Cuong tança vertement Mai Ly, sa voix grinçait :
- Qu’est ce que je disais ! Je te l’avais dit... Je t’ai dit de le laisser au coffre, mais tu voulais absolument le prendre ! Il y a beaucoup de monde dans ce bar, nous ne pouvons pas contrôler tout le monde. L’un d’entre eux a du s’introduire dans ta chambre, puis il sera reparti tranquillement le lendemain ! Qu’est-ce que tu veux que j’y fasses ? Bon, je vais essayer de les interroger, on verra bien...
Mai Ly en elle-même se posait quand même la question :‘’Personne ne sait que j’ai touché mon salaire, il n’y a que la patronne qui est au courant, c’est quand même étrange ! ‘’. Néanmoins, elle lui dit :
- Je suis vraiment effondrée, je n’aurais pas le courage de sortir, je n’aimerais pas aller dîner au restaurant avec vous, je voudrais rester à la maison.
Contre toute attente, la tenancière commença à gronder :
- Qu’est-ce que tu veux ? Tu veux me le faire payer, si on t’a volé, ce n’est pas de ma faute ! Qu’est-ce que tu veux au juste ?
Elle renvoya la femme de service :
- Vú , vous pouvez partir ! Mai Ly va rester ici avec moi.
- Oui, madame.
Restée seule avec la tenancière, Mai Ly était figée, le cœur lourd... Madame Kim Cuong radoucit le ton :
- Viens, allons ensemble chez le coiffeur, on verra pour cette histoire après, je ferai de mon mieux.
La proposition de madame Kim Cuong rassura Mai Ly. Celle-ci maniait parfaitement le bâton et la carotte ; après l’avoir tancée vertement, elle cherchait maintenant à amadouer la jeune fille pour la prendre au piège.
Ses cheveux dénoués, Mai Ly représentait la jeune fille vietnamienne dans toute sa candeur, elle avait revêtu sa tunique préférée mauve, la couleur du soir. Au bas de l’escalier, elle rencontra le petit garçonnet, qui s’extasia :
- Chị Mai Ly, tu es belle ! Tu vas sortir, ce soir ?
- Oui, je dois sortir, tu vas être bien sage, tu te mettras au lit à l’heure et tu ne tarderas pas trop, n’est-ce pas ? Dimanche prochain, je demanderai à ta mère la permission de t’emmener au jardin zoologique, tu es d’accord ?
- Bien sur que je veux.
- N’oublie pas d’être bien obéissant avec Vú ! je vais aller diner avec ta mère.
Mai Ly entra dans la chambre de madame Kim Cuong. Délicatement, elle fit semblant de lui rectifier son maquillage, elle arrangea ses cheveux comme s’il s’agissait de sa fille... Au bar, on alluma les lumières, les hôtesses se tenaient prêtes à accueillir les clients. Madame Kim Cuong leur recommanda :
- Ce soir, je suis invitée, je dois diner en ville. Je compte sur vous !
Mai Ly se tenait silencieuse, elle attendait. Le chauffeur Thản commençait à mettre le moteur en marche. Mai Ly et madame Kim Cuong parties, dans le Bar les filles faisaient leurs commentaires surtout Suzanne-Trang et Marie-Thu qui se doutaient de quelque chose. Suzanne demanda à sa copine Marie-Thu :
- Dis, Marie ! Tu as une idée sur leur rendez-vous ? Où enmène-t-elle comme ça, la petite ?
- Eh bien, elle sont allées voir des clients, quel genre de clients... là est la question !
- Moi, je sais ! Je suis sure qu ‘elle est en train de vendre la fleur... de la petite.
- Quelle mauvaise langue ! Tu penses toujours à mal, Mai Ly n’a pas encore ses dix-huit ans. En plus, je trouve que la petite ne doit se laisser faire aussi facilement que cela, si elle ne fais pas gaffe, la petite peut aller porter plainte au commissariat et c’en est fait de la patronne, il faudra lui apporter des oranges... et fermer le Bar, nous serions à la rue !
Suzan-Trang éclata de rire, poussa un juron :
- T’inquiète, Salope ! tu sais que la patronne est une salope de maquerelle, retorse, pleine d’expériences ! Tu vas voir, Mai Ly ne peut pas faire le poids contre elle ! Tu me fais rire avec ta naïveté !... Tiens, il y a un client qui arrive là, occupons-nous de nos affaires, laisse tomber Mai Ly ! Qui vivra... verra... tout passe, tout lasse ! même les jolies filles... si belles soient elles, le temps fait toujours son effet !
Marie-Thu ne croyait pas un mot de ce que disait sa compagne, elle mettait ces commentaires sur le compte de la jalousie :‘’Elle déteste vraiment la petite !’’. Elle dit :
- Arrête, Suzanne ! A quoi ça sert de parler comme ça, on dirait que tu es jalouse.
- Moi ! Jalouse ? Ce n’est certainement pas de la jalousie, je suis simplement réaliste. Quant à toi, tu es une hypocrite, tu n’en penses pas moins mais tu fais semblant de la défendre.
Ceux qui viennent d’arriver ne font pas partie de la catégorie des ‘’bons clients ’’, c’est pourquoi les deux filles continuent de jaser sur la petite Mai Ly. Sự intervient dans la discussion :
- Arrêtez de vous chamailler, il y a un groupe de clients qui viennent d’arriver, allez, allez les accueillir...
*
Mai Ly tâm sự ngỗn ngang
Tình, tiền, hiếu nghia nát tan cõi lòng
Tâm hồn đang gặp bão giông
Dạt xô nhồi dập giữa dòng biển khoi.
Làm sao thấu hiểu lòng nguời ?
Thâm sâu hiễm độc, ông trời cung thua !